Nouvelle encyclique pour les 1700 ans de l'édit de Milan


Written the Wednesday, May 22nd 2013 à 9:20 PM
EIFRF



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Promulguée par le patriarche œcuménique Bartholomée le 19 mai 2013 :


No de protocole 441
 
« Béni sois-tu, ô Christ notre Dieu qui l’as voulu ainsi », d’avoir tout dispensé à tous, et nous ayant conduit en ce « Jour de la Résurrection » où « de lumière, est rempli tout l’univers au ciel et sur terre. »
 
Cette année, c’est le 1700ème anniversaire de la promulgation de l’Édit de Milan sur la liberté de foi religieuse. Dans la communion avec l’Église en tout lieu et de tout temps, depuis ce très saint siège œcuménique apostolique et patriarcal, nous adressons un message d’espoir, d’amour, de paix et d’optimisme, puisque l’Église existe en tant que manifestation divine continue. « Celui qui a vu le Fils a vu le Père » , et celui qui a vu l’institution de l’Église a vu le Seigneur Dieu-homme, présent invisiblement parmi nous, et le Saint-Esprit.
 
L’Église est une telle institution dans la liberté : « Voilà le christianisme : il donne la liberté dans la servitude » 
 
Par l’édit de Milan, les persécutions décrétées contre l’Église et la religion cessent légalement. Pour la première fois, la liberté de conscience religieuse est instituée dans le monde. Cependant, la liberté dont Christ nous a gratifiée en nous libérant , n’est ni forme ni lettre. C’est une liberté réelle dont nous sommes toujours en quête, pour que tout devienne « nouveau ». D’ailleurs, n’espérons-nous pas un ciel nouveau et une terre nouvelle ?
 
Jusqu’à l’époque de Constantin le Grand, l’histoire du monde, « l’ancien Israël » d’avant Christ, mais aussi après la présence incarnée divino-humaine du « nouvel Israël », le fait pour quelqu’un d’exprimer librement sa foi consciente faisait l’objet de poursuites et de persécutions allant même jusqu’au martyre de sang pour la vérité.
 
L’histoire fait aussi état de persécutions menées contre des personnes ayant une conception de la Divinité et une foi différente de celle professée par le souverain ou la société dont elles étaient membres.
 
L’Ancien Testament cite le roi Nabuchodonosor, considéré alors maître de l’univers ; ayant fait faire une grande statue le représentant, il a commandé à tous ses sujets de l’adorer en se prosternant jusqu’à la terre.
 
Les « trois jeunes gens » furent jetés dans la fournaise pour avoir refusé de se prosterner devant l’idole de Nabuchodonosor. En fait, ils ont refusé au roi séculier la dignité d’égalité aux dieux qu’il s’était attribuée. C’est pour cette même raison que sainte Salomé et ses fils, les sept frères Macchabées, avec leur maître Eléazar, ont été persécutés et ont fini leur vie dans le martyre. 
 
L’autorité de Nabuchodonosor a été solennellement réfutée par la fournaise de feu ardent, qui préfigure le Mystère de notre toute-sainte Mère de Dieu ; transformé en vent de rosée rafraichissant, le feu a gardé indemnes les trois jeunes-gens, comme le Feu de la Divinité n’a pas touché la Vierge Mère de Dieu.
 
Refusant de se prosterner devant l’arrogant insensé qui s’était arrogé l’attribut de Dieu et chantant : « toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur » , les jeunes gens jetés dans la fournaise préfigurent la liberté apportée par le Seigneur qui, pour gagner « ceux qui sont assujettis à la loi » , s’est fait comme eux. 
 
À Athènes, le philosophe Socrate a été condamné à mort au motif qu’il n’acceptait pas les dieux que la cité adorait. Les anciens écrivains Grecs rapportent plusieurs cas de poursuites individuelles engagées contre des tenants de croyances différentes : par exemple, contre Anaxagore de Clazomènes accusé de soutenir que le soleil était de la roche en fusion ou contre Diagoras de Mélos accusé de tourner en ridicule les antiques mystères idolâtres et de dissuader les citoyens d’y participer.
 
Quoi qu’il en soit, les persécutions, réelles et idéologiques, menées au cours des siècles, bien qu’elles aient souvent conduit au martyre subi pour rendre témoignage, n’ont pas jamais été en mesure d’abolir la tolérance religieuse, officiellement proclamée par l’Édit de Milan.
 
Animés d’un esprit absolutiste, les empereurs romains se sont proclamés aussi chefs religieux. Ils sont même allés jusqu’à exiger que leur soit reconnus l’attribut divin et l’honneur correspondant.
 
Le refus des chrétiens de se plier à ces exigences de l’empereur provoquait sa colère, surtout à cause de la remise en question de son autorité. Les persécutions impitoyables menées en leur encontre sont le résultat d’une telle conception anthropocentrique provoquant des hécatombes entiers de martyrs qui « ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’agneau ». 
 
En conclusion, l’aboutissement des persécutions qui ont sévi contre la religion est parfaitement illustré par l’adage de saint Jean Chrysostome : « On ne s’attaque pas à Dieu impunément. Si le châtiment se fait parfois attendre, c’est un délai que la Bonté souveraine accorde à l’homme téméraire […] S’il persiste dans son égarement […] il leur [aux autres hommes] apprendra par l’exemple de son inévitable punition à ne pas s’aventurer dans une lutte contre Dieu, aux mains invincibles de qui nul ne saurait échapper » .
 
Après trois siècles de persécutions féroces menées à l’encontre des chrétiens, les empereurs Constantin le Grand d’Orient et Licinius d’Occident ont reconnu que l’empire n’avait tiré aucun profit de l’intolérance religieuse et des persécutions incessantes. Ils ont donc décidé de permettre aux chrétiens de pratiquer librement la foi et rendre culte à Dieu. La volonté de Constantin le Grand, qui a « calculé l’habileté de cette guerre diabolique » , est illustrée dans l’édit de Milan de 313, toujours d’actualité, qui a servi de base à la reconnaissance universelle, plusieurs siècles après, de la liberté de la conscience religieuse.
 
L’édit de Milan comprend des positions sur la liberté religieuse, très en avance pour l’époque, exprimées en treize unités. Il institue des principes qui, tout en étant singuliers au IVe siècle, demeurent toujours des postulats et des points de repère, malgré l’allégation qu’ils seraient aussi pleinement appliqués dans ce monde « du mal » fait d’« injustice » et d’« obscurantisme », au-lieu de Justice et de Lumière.
 
Il confesse et proclame : le respect de la pensée et de la volonté de chacun de prendre soin des affaires divines à son gré ; la foi et le respect dû au divin, et l’octroi aux chrétiens et au monde entier de la liberté de choisir leur religion, sans en être inquiétés ; la restitution immédiate aux chrétiens, à l’Église et au Synode, de leurs lieux de culte et autres, confisqués et enlevés ; tout ceci, afin que « la providence divine qui nous entoure et dont nous avons fait l’expérience à plusieurs reprises, demeure chez nous pour toujours ».
 
Cet édit et les réformes de Constantin le Grand qui l’ont suivi ont introduit dans le monde la notion des droits de l’homme. Pour la première fois, les principes susmentionnés sont consacrés : le respect de la tolérance, la liberté d’exprimer la conscience religieuse – valeurs de la vie humaine – et tout ceci a constitué le fondement de la législation contemporaine en vigueur et des dispositions prévues dans les diverses déclarations d’organisations internationales et d’entités étatiques.
 
Ayant reçu l’appel non des hommes, mais de Dieu, Constantin le Grand a embrassé le monde entier, peuple et Église, croyants et irréligieux. Il s’est mis au service de la prospérité paisible et du salut de l’humanité. Depuis son époque, l’Église du Christ transforme les institutions et la vie, et elle régénère le monde, à l’instar du buisson ardent du Sinaï qui brûlait sans se consumer, la matrice qui « offrit une place au Dieu infini », la Vie, « pour que nous les hommes ayons la vie » .
 
En examinant l’histoire du monde depuis la promulgation de cet édit de Constantin le Grand, surtout aujourd’hui, 1700 ans après, nous sommes consternés de constater que les dispositions prises par lui en faveur de la liberté religieuse, ont souvent été violées dans le passé, non seulement aux dépens des chrétiens, mais parfois par les chrétiens eux-mêmes les uns à l’encontre des autres et à l’encontre des adeptes d’autres religions.
 
Malheureusement, lorsque les chrétiens sont devenus majoritaires dans la société, il y a eu des cas d’excès de zèle entre eux. Une des attitudes les plus répréhensibles d’intolérance entre chrétiens furent le schisme et la division de l’Église Une, les générations postérieures ayant oublié que « le Christ n’est pas divisé »  et que nous les humains sommes « terre et cendre » . Nous avons ignoré et nous continuons de mépriser l’angoisse d’avoir déchiré la tunique sans couture du Seigneur, d’avoir divisé l’Église considérée de part et d’autre comme l’Église une, catholique et apostolique. « Ayant consommé le mal »  nous manquons d’amour, de paix, de tolérance. Nous évitons de poser les uns aux autres la question cruciale : « Le juge de toute la terre »  ne nous jugera-t-il pas nous aussi ? 
 
Au siècle passé, l’Église spécialement l’Église orthodoxe a été impitoyablement persécutée par le régime athée et les autres régimes dans l’obédience idéologique de celui-ci surtout dans les pays d’Europe de l’Est. De nos jours encore, les chrétiens sont traités avec hostilité dans certains pays, bien que le droit de liberté religieuse soit désormais internationalement reconnu par de nombreuses conventions internationales.
 
Les rapports sur l’oppression religieuse émanant des organisations internationales compétentes en la matière pullulent de cas précis d’oppression religieuse dont des chrétiens sont victimes, en tant que groupes minoritaires ou à titre individuel.
 
Aujourd’hui encore, il s’avère malheureusement nécessaire de souligner que la tolérance religieuse et la liberté du culte sont un acquis culturel. De vastes régions du globe sont habitées par des gens qui ne tolèrent pas une foi différente de la leur. Des persécutions religieuses sévissent encore, bien que sous une forme différente de celle des premières persécutions chrétiennes. Il y a encore des discriminations, parfois très répressives, au détriment des adeptes de certaines croyances religieuses. Dans de nombreux cas, le fanatisme et le fondamentalisme religieux règnent. L’édit de Milan est donc toujours d’actualité et s’adresse à ceux qui, 1700 ans après sa promulgation, ne l’ont pas appliqué dans son intégralité.
 
Suivant attentivement, depuis ce centre sacré de l’Orthodoxie le cheminement de l’humanité, nous confessons en toute liberté que malheureusement, malgré les progrès fulgurants de la science et des découvertes, le monde dans son ensemble n’est pas encore parvenu à une conception et acceptation majeure de la liberté religieuse et qu’un effort coordonné s’avère nécessaire pour atteindre cet objectif.
 
Les persécutions religieuses contemporaines à l’encontre des chrétiens révèlent à nouveau la puissance de la foi et la Grâce de la sainteté. 
 
Pères, Frères et Enfants dans le Seigneur ressuscité, 
L’anniversaire que nous sommes en train de célébrer constitue un signal crucial : En rompant son unité avec l’Église, qui se compose de l’unité («καθώς») trinitaire, il perd sa liberté. Car il perd son « moi » qui est tous les autres. Le tout dans l’Église manifeste le « καθώς » trinitaire, spécialement l’office eucharistique qui constitue le cœur de l’Église. C’est un charisme, un don du Père par le Fils avec la coopération du Saint-Esprit. Si le « καθώς » trinitaire est sauvegardé, l’homme est sauvé en tant que personne et en tant que société. Et si nous préservons et vivons le « καθώς », le divino-humain, alors l’union sans confusion ni division des deux natures en Christ est maintenue et s’étend comme une bénédiction dans l’unité entre vérité et vie, entre institution et Grâce, entre loi et liberté. Des choses opposées en apparence s’interpénètrent sans changement ni altération, selon le modèle de la Mère de Dieu qui a concilié les contraires. Dans cette interpénétration est perçue la présence continue du Dieu-homme partout dans le monde jusqu’à la fin des temps Qui continue d’arpenter sous une forme différente le champ de l’histoire. Il fait route ensemble avec l’homme en proie à l’angoisse, au questionnement et au désespoir, non pas pour lui fournir des « solutions magiques », comme des stupéfiants pour les sens, mais pour lui ouvrir les yeux, lui donner ses facultés perceptives, l’élever au ciel et faire descendre sur terre l’Esprit Saint qui, en tant que levain trinitaire, pénètre notre pâte terreuse.
 
Aucune institution humaine, ne fût-ce dite ecclésiastique, ne saurait circonscrire ni satisfaire l’homme qui porte en lui le souffle de Dieu, aspire à « aller plus loin », à son essor, aspire au Christ. Il est impossible à l’homme de se reposer sur une promesse ou une perspective temporelle, quelle qu’elle soit, car il a soif de l’inconcevable et de l’humainement impossible. L’existence humaine entière dit « non » à l’institution organisée sur le mode séculier, censée l’initier au mystère de la vie et du salut.
 
Pour l’homme, la « bonne » institution spirituelle opérant mécaniquement est « uniquement » celle qui est délabrée, dissoute et inexistante. C’est pourquoi, le Seigneur omniscient, qui scrute les cœurs et les reins, est venu et a détruit les « prisons ». Il fut persécuté, il l’est toujours. À la fin, il emporta la victoire par Sa Résurrection. Et il abolit la fraude. Il renversa les tables des changeurs et les sièges des marchands qui avaient transformé le Temple de Dieu en « maison de trafic » . Il libéra l’humanité de la « malédiction de la loi » . En descendant aux Enfers, « les verrous furent brisés, les portes arrachées ; alors s’ouvrirent les tombeaux et se levèrent les morts » . Grâce à l’amour, la liberté, les droits de l’homme, la foi, l’espérance, la lumière, la justice, la vérité, la Vie, tous les « morts, nous sommes sortis à la Lumière : « et il n’est plus de mort au tombeau » .
 
La sainte Église fut constituée qui, au cours des siècles, par les martyrs, les bienheureux, les justes, en dépit des persécutions et des tentations humaines, n’est pas une « prison », mais liberté et amour, aussi puissant que la mort. L’Église, héraut de sa vérité à travers les siècles, est la continuité et la conséquence de la matrice d’une autre Mère, « plus vaste que les cieux » qui donne naissance à l’homme libre. Grâce à elle, nous sommes tous enfants de la femme libre , enfants de la liberté conquise par l’obéissance à la Vérité de Dieu, à l’Amour.
 
Si les institutions humaines craignent la liberté humaine, la troquent, l’ignorent ou l’abolissent, l’Institution de l’Église fait naître des hommes libres dans l’Esprit. L’Esprit forge toute l’Institution de l’Église, Lui qui, comme le vent « souffle où il veut […] mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » . Et l’indéfinissable de la liberté est la pierre de la foi.
 
La Sagesse de Dieu, notre Dame la Mère de Dieu, la toute-Bienheureuse et la Consolation, saint Démètre Kanavos, saint Georges le Victorieux du Diplophanar, tous les Saints de notre Église, ne sont pas des gardiens de la loi, mais des législateurs, selon saint Siméon le Jeune Théologien. L’Institution de l’Église est charismatique et les charismes des Saints opèrent comme institutions conductrices pour le plérôme de l’Église.
 
L’on peut vraiment et empiriquement affirmer qu’il n’y a pas de personnes charismatiques d’emblée, mais qu’elles le deviennent, émergent continuellement. Le charisme ne leur fut pas donné comme attribut statique, mais comme bénédiction dispensée en permanence. Ce sont ces personnes qui sont vraiment libres, conscientes de l’extrême faiblesse de l’homme et de la bonté de Dieu, dont les prescriptions de l’édit de saint Constantin sont le distillat.
 
Ceux qui considèrent les autres bons et purs et qui se considèrent « inférieurs à la création », possèdent la grâce de la contrition de l’humble de cœur et du méprisé. Ils acceptent les charismes du repos intérieur et de l’illumination. Ils ne considèrent rien comme un accomplissement ni comme une possibilité d’exploiter pour accroître leur « prestige » en « dévalorisant » les autres, c’est-à-dire en limitant la liberté de la personne. Les saints s’étonnent de l’amour ineffable de Dieu et le rendent spontanément et immédiatement à Celui qui leur en a fait don. C’est ce qui rend les saints dignes de recevoir continuellement de nouveaux charismes, plus grands, immaculés, spirituels, bénissant l’univers, de vrais accomplissements. Et ils continuent à n’avoir aucune haute opinion d’eux-mêmes. Ils ont une haute Opinion de Dieu.
 
Dès que la vénération du monde à leur égard devient connue, ils s’en étonnent, en sont indignés et agacés. Ils se refugient derrière le paravent soit d’une folie factice soit d’une ignorance supposée, c’est-à-dire d’une vraie liberté. Et ils vivent dans la quiétude, contribuant à la circulation du Sang et de la Grâce dans le corps de la communauté ecclésiale.
 
Frères dans le Seigneur,
Les droits de l’homme, la liberté de la conscience religieuse sont des charismes « donnés aux saints une fois pour toutes » , mais ils sont continuellement conquis dans le parcours humain. Ils le sont en vivant la communion en Christ dans la parfaite harmonie de l’univers. Depuis 1700 ans, nous parlons de la liberté de conscience de l’homme. De tout temps, mais surtout en ces derniers temps de changements cosmogoniques opérés au cours du tragique siècle dernier, notre Église orthodoxe prévoit, entrevoit et examine dans son ensemble « l’instauration dans le monde de la paix, de la justice, de la liberté, de la fraternité et de l’amour entre les peuples, et la suppression des discriminations raciales et autres », et se prononcera là-dessus au moment de réunir son saint et grand Concile.
 
Ces dons divins sont vécus par la grâce dans la divine liturgie, lors de laquelle la cosmogonie est révélée. Selon la mesure humaine, on a de la peine à comprendre l’ampleur de cette liberté de l’homme et de ses idées, car on ne respecte pas l’homme image de Dieu. Et si l’on n’aime pas le prochain en s’unifiant à lui, on n’aime pas vraiment Dieu.
 
Dans la vie sur terre, on croit naïvement au perpétuel écoulement des choses : « tout s’écoule, rien n’est stable et on ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve » , c’est-à-dire que tout est passager, oublié, les affaires humaines sont couvertes de pierres et de la tombe.
 
Le Seigneur a fait don du mystère de la mémoire dans la liberté en proclamant : « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé » . Tout aboutit à la vérité de la liberté en Lui et au sentiment de gratitude et de louange à Dieu « pour tous les bienfaits connus et ignorés de nous ».
 
Au-delà des différences et des distances extérieures, donc au-delà des alternances et des avis temporels, au-delà du « raisonnement » Occident et Orient, dès l’origine du monde, Dieu manifeste son amour qui, comme une explosion dans le silence, dissipe le mensonge de la fraude, nous dispense la vérité de la vie, comme une bénédiction de liberté et d’unité, comme un chemin émaillé de surprises conduisant à la Marche sans fin et à la Pâque qui est le Dieu-homme lui-même. « Ce n’est pas un délégué ni un messager, c’est lui, en personne, qui nous sauva »  dans la liberté et pour nous faire accéder à la liberté. Il est avec nous dans l’Ascension « sans nous délaisser, mais restant toujours parmi nous » . Il défend et protège l’homme, même lorsqu’il semble l’abandonner. Et il dispense, enfin, la certitude d’être toujours présent, manifestant Sa gloire dans l’amour et le dépouillement, représenté dans l’iconographie comme Roi de gloire dans la Résurrection, délivrant de l’enfer Adam et Ève, l’humanité, mais aussi suspendu paisiblement sur le bois de la Croix, dans l’extrême humiliation.
 
« Tu es grand, Seigneur, tes œuvres sont admirables, et nulle parole ne suffira pour chanter tes merveilles »  ; d’ailleurs « toute hymne est impuissante lors qu’elle s’efforce d’égaler la multitude des miséricordes »  du Christ.
 
Notre humble personne, avec nos frères en l’Esprit saint et concélébrant dans le Seigneur, avec les femmes Myrophores, nous nous tenons devant le « sépulcre vide », nous voyons que « la pierre est roulée » et nous regardons tremblants et bouleversés le Seigneur Ressuscité, par sa mort ayant triomphé de la mort, et nous délivrant des entraves de la chair et de l’enfer engloutissant tout pour nous donner la vie. 
 
Prenant donc prétexte du souvenir de l’octroi aux chrétiens du droit à la liberté de foi et de culte, depuis ce centre sacré de l’Orthodoxie qui, tout en étant asservi selon la mesure humaine, a servi la vraie liberté en Christ de l’homme et du corps ecclésial, nous exprimons notre préoccupation, angoisse et protestation face aux persécutions qui sévissent encore partout sur terre, surtout récemment à l’encontre des populations chrétiennes du Moyen Orient. Celles-ci se manifestent par des assassinats, des enlèvements, des poursuites et des menaces contre eux, dont le comble est l’enlèvement de nos deux frères Hiérarques encore portés disparus : Son Éminence le métropolite Paul d’Alep et Alexandrette, connu pour sa spiritualité, ainsi que pour son importante œuvre ecclésiastique, sociale et éducative, et le métropolite de l’Église syriaque, Mar Johanna-Ibrahim d’Alep.
 
Nous partageons la douleur, l’affliction et les difficultés auxquelles les chrétiens sont confrontés au Moyen Orient et en Égypte, surtout l’ancien et vénérable Patriarcat d’Antioche. Sans prendre aucune position politique, nous condamnons sans hésitation une fois de plus toute forme de violence à leur encontre, faisant appel aux puissants de la terre de faire respecter les droits de l’homme les plus élémentaires à la vie, l’honneur, la dignité, la fortune, connaissant et louant leur comportement paisible et pacifique, leur effort constant de rester loin de toute agitation et de tout conflit.
 
Nous exprimons notre angoisse, comme Église de Constantinople, car, mille sept-cents ans après la promulgation de l’Édit de Milan, les humains sont persécutés pour leur foi, leur religion et leurs choix faits en toute conscience.
 
Le Patriarcat œcuménique, par tous les moyens spirituels à sa disposition et par la vérité, ne cessera jamais de soutenir les efforts de dialogue pacifique entre les diverses religions, la solution pacifique de tout différend et l’instauration d’un climat de tolérance, de réconciliation et de coopération entre les hommes de toute religion et de toute origine ethnique.
 
En condamnant, comme contraire à la religion, toute forme de violence, depuis le Patriarcat œcuménique, nous proclamons : « Assurément il est grand le mystère de la piété. Il a été manifesté dans la chair, justifié par l’Esprit, contemplé par les anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, exalté dans la gloire » . Il gouverne le monde et les affaires du monde, selon Sa volonté et Son jugement impénétrables et vient à nouveau dans la gloire comme Juge impartial pour juger le monde entier. 
 
À Lui la gloire, la puissance, la force, l’honneur, l’adoration et le règne dans les siècles des siècles infinis. Amen.
 
En l’an de grâce 2013, le 19 du mois de mai.
 
† Bartholomaios de Constantinople, implorant Dieu
 
† Athanase de Chalcédoine, y joignant ses prières
† Constantin de Derka, y joignant ses prières
† Évangélos de Pergè, y joignant ses prières
† Germain de Théodoroupolis, y joignant ses prières
† Irénée de Myriofyton et Péristasis, y joignant ses prières
† Chrysostome de Myra, y joignant ses prières
† Gennade de Sasimes, y joignant ses prières
† Évangélos de New-Jersey, y joignant ses prières
† Cyrille de Rhodes, y joignant ses prières
† Damascène de Kydonia et Apokorono, y joignant ses prières
† Constantin de Singapour, y joignant ses prières
† Arsène d’Autriche, y joignant ses prières
 


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