Madame Lauriane Josende
Sénatrice
Casier de la poste
15, rue de Vaugirard
75291 - Paris Cedex 06
France
Sénatrice
Casier de la poste
15, rue de Vaugirard
75291 - Paris Cedex 06
France
Plovdiv, le 27 novembre 2023
Madame la Sénatrice,
Je me permets de vous écrire au nom du Forum Européen Interreligieux pour la Liberté de Religion, en ma qualité de Vice-Président.
Après avoir rejoint le clergé de l’Église Orthodoxe dans mon pays comme archidiacre, j’ai obtenu un master en Théologie et suis titulaire d’un doctorat qui m’a été décerné par le patriarcat de l’Église Orthodoxe Œcuménique en 1999. Depuis lors, tout en m’acquittant de mes fonctions sacerdotales, j’ai enseigné la théologie et me suis attaché à transmettre à mes étudiants les valeurs traditionnelles de l’Orthodoxie en matière de respect des traditions et croyances religieuses d’autrui, qui contrairement à ce que certains pourraient nous faire croire, sont profondément ancrées dans la vision chrétienne orthodoxe traditionnelle.
J’ai ainsi une longue expérience de ce qui, en matière de croyances et de respect de la liberté de religion, fonctionne et ne fonctionne pas. Ajoutez à cela que j’ai vécu une partie de mon existence sous le joug des soviétiques, et vous comprendrez que je sais de quoi je parle quand j’évoque les persécutions religieuses.
J’ai souvent été confronté à ce que vous appelez le problème « des sectes » et aux personnes qui voulaient absolument que ce soit un problème. Nous avons une terminologie similaire dans les pays de l’Est. Malheureusement, le mot « secte » est un terme fourre-tout qui sert surtout à une majorité dominante pour discriminer des minorités religieuses ou spirituelles considérées comme « non traditionnelle », voire tout simplement des minorités dont on veut se débarrasser pour des raisons politiques ou théologiques.
Le projet de loi dont vous êtes la rapporteure, « contre les dérives sectaires », est malheureusement une belle illustration du danger qu’il y a à parler de « dérives sectaires » ou de « sectes » lorsqu’on évoque des minorités religieuses ou spirituelles.
Aujourd’hui, des concepts comme « sujétion psychologique » ou « contrôle mental » sont utilisés par des pays totalitaires, comme la Russie ou la Chine, pour justifier la persécution de tous les groupes religieux ou spirituels qui pourraient représenter un risque (réel ou supposé) pour le pouvoir en place. Dans la Russie de Vladimir Poutine, il suffit de prétendre que les activités d’un groupe religieux ont pour effet une subjugation mentale ou psychologique et que cela nuit à la santé mentale ou spirituelle des citoyens russes pour emprisonner des prêtres, des imams, des rabbins et des croyants de toutes natures.
Est-ce le chemin que la France veut emprunter avec l’article 1 de la loi ?
Les associations « de lutte contre les sectes » pour lesquelles cette loi a été faite, tel que cela ressort de l’étude d’impact, ont toutes des liens avec la FECRIS, une fédération dont le vice-président de 2009 à 2021 n’était autre qu’Alexander Dvorkin (qui d’ailleurs est resté membre du Conseil d’Administration de la FECRIS jusqu’en mars 2023), un extrémiste russe qui n’a eu de cesse de participer à la propagande russe contre l’Ukraine depuis 2014, propagande qui a finalement débouché sur la guerre que l’on connait aujourd’hui. D’ailleurs, toutes les associations russes de la FECRIS ont fait de même, sans que jamais la fédération ne fasse quoi que ce soit sinon les soutenir. Au point que le 11 novembre 2022, 82 des plus éminents universitaires ukrainiens ont écrit au Président de la République Française pour demander l’arrêt du financement de la FECRIS par la France [1].
Même si je suis bulgare, je connais bien la France, et je l’aime, pour y avoir séjourné de nombreux mois à de nombreuses reprises. L’impact de la France est important en Europe. Et en choisissant de légiférer sur les « dérives sectaires » comme le gouvernement souhaite le faire aujourd’hui, en s’attachant à des vagues incriminations comme la « sujétion psychologique », qui permettront la persécution de toute minorité (et Dieu sait que les persécutés d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui), et en accordant la toute-puissance à des associations qui par leurs actions discriminatoires et haineuses ne la méritent pas, le risque est que la France rejoigne les rangs de pays dont les fondements démocratiques n’existent pas.
C’est pourquoi je vous demande humblement de bien vouloir prendre connaissance de notre analyse du projet de loi ci-jointe. Il y va, je pense, de la crédibilité de la France sur la scène internationale. Je garde confiance et espoir que le Sénat ne se laissera pas entrainer sur la pente dangereuse que représente ce projet de loi.
Après avoir rejoint le clergé de l’Église Orthodoxe dans mon pays comme archidiacre, j’ai obtenu un master en Théologie et suis titulaire d’un doctorat qui m’a été décerné par le patriarcat de l’Église Orthodoxe Œcuménique en 1999. Depuis lors, tout en m’acquittant de mes fonctions sacerdotales, j’ai enseigné la théologie et me suis attaché à transmettre à mes étudiants les valeurs traditionnelles de l’Orthodoxie en matière de respect des traditions et croyances religieuses d’autrui, qui contrairement à ce que certains pourraient nous faire croire, sont profondément ancrées dans la vision chrétienne orthodoxe traditionnelle.
J’ai ainsi une longue expérience de ce qui, en matière de croyances et de respect de la liberté de religion, fonctionne et ne fonctionne pas. Ajoutez à cela que j’ai vécu une partie de mon existence sous le joug des soviétiques, et vous comprendrez que je sais de quoi je parle quand j’évoque les persécutions religieuses.
J’ai souvent été confronté à ce que vous appelez le problème « des sectes » et aux personnes qui voulaient absolument que ce soit un problème. Nous avons une terminologie similaire dans les pays de l’Est. Malheureusement, le mot « secte » est un terme fourre-tout qui sert surtout à une majorité dominante pour discriminer des minorités religieuses ou spirituelles considérées comme « non traditionnelle », voire tout simplement des minorités dont on veut se débarrasser pour des raisons politiques ou théologiques.
Le projet de loi dont vous êtes la rapporteure, « contre les dérives sectaires », est malheureusement une belle illustration du danger qu’il y a à parler de « dérives sectaires » ou de « sectes » lorsqu’on évoque des minorités religieuses ou spirituelles.
Aujourd’hui, des concepts comme « sujétion psychologique » ou « contrôle mental » sont utilisés par des pays totalitaires, comme la Russie ou la Chine, pour justifier la persécution de tous les groupes religieux ou spirituels qui pourraient représenter un risque (réel ou supposé) pour le pouvoir en place. Dans la Russie de Vladimir Poutine, il suffit de prétendre que les activités d’un groupe religieux ont pour effet une subjugation mentale ou psychologique et que cela nuit à la santé mentale ou spirituelle des citoyens russes pour emprisonner des prêtres, des imams, des rabbins et des croyants de toutes natures.
Est-ce le chemin que la France veut emprunter avec l’article 1 de la loi ?
Les associations « de lutte contre les sectes » pour lesquelles cette loi a été faite, tel que cela ressort de l’étude d’impact, ont toutes des liens avec la FECRIS, une fédération dont le vice-président de 2009 à 2021 n’était autre qu’Alexander Dvorkin (qui d’ailleurs est resté membre du Conseil d’Administration de la FECRIS jusqu’en mars 2023), un extrémiste russe qui n’a eu de cesse de participer à la propagande russe contre l’Ukraine depuis 2014, propagande qui a finalement débouché sur la guerre que l’on connait aujourd’hui. D’ailleurs, toutes les associations russes de la FECRIS ont fait de même, sans que jamais la fédération ne fasse quoi que ce soit sinon les soutenir. Au point que le 11 novembre 2022, 82 des plus éminents universitaires ukrainiens ont écrit au Président de la République Française pour demander l’arrêt du financement de la FECRIS par la France [1].
Même si je suis bulgare, je connais bien la France, et je l’aime, pour y avoir séjourné de nombreux mois à de nombreuses reprises. L’impact de la France est important en Europe. Et en choisissant de légiférer sur les « dérives sectaires » comme le gouvernement souhaite le faire aujourd’hui, en s’attachant à des vagues incriminations comme la « sujétion psychologique », qui permettront la persécution de toute minorité (et Dieu sait que les persécutés d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui), et en accordant la toute-puissance à des associations qui par leurs actions discriminatoires et haineuses ne la méritent pas, le risque est que la France rejoigne les rangs de pays dont les fondements démocratiques n’existent pas.
C’est pourquoi je vous demande humblement de bien vouloir prendre connaissance de notre analyse du projet de loi ci-jointe. Il y va, je pense, de la crédibilité de la France sur la scène internationale. Je garde confiance et espoir que le Sénat ne se laissera pas entrainer sur la pente dangereuse que représente ce projet de loi.
Veuillez accepter, Madame la Sénatrice, l’expression de mes considérations distinguées.
Petar Gramatikov
Vice-Président
Membre de l’Union des journalistes bulgares
Membre du Conseil d’administration de « Help the Needy Foundation »
Didiaskalos de L’Église Orthodoxe Œcuménique
Rédacteur en Chef du European Times
PJ : Analyse du projet de loi « dérives sectaires »
Cc : Pour information à l’ensemble des membres du Sénat